lundi 19 mai 2008

Beaumarchais ou Marivaux ?

n de mes lointains parents vient de découvrir dans des papiers de famille trois feuillets manuscrits visiblement anciens. Des érudits locaux les attribuent à quelque dramaturge du XVIIIe siècle ; malgré les imperfections de ce qui semble être un premier jet, ils les jugent d’assez bonne tenue pour que leur auteur soit un des grands du siècle, peut-être même Beaumarchais ou Marivaux.

Le premier feuillet porte seulement la mention suivante en son milieu, ce qui semble être un titre :

Nicolas ou le valet enrichi

Voici le texte des deux autres feuillets.

SCENE 2

(Charlotte, le Comte de Bouygues)

CHARLOTTE ah , Monsieur le Comte, je suis bien aise de vous voir.
LE COMTE voyez-vous bien l’impertinente. Sache donc, ma fille, qu’une servante n’a pas d’aise, mais seulement des devoirs. Chanter des berceuses d’un frais minois en caressant une guitare ne fait pas de toi une dame de compagnie. Mes bottes.
CHARLOTTE oui, Monsieur.
LE COMTE tu veilleras à les cirer avec soin.
CHARLOTTE comme à l’habitude, Monsieur.
LE COMTE dis-moi, on m’a rapporté que Nicolas donnait des fêtes avec des paysans ?
CHARLOTTE cela est possible, Monsieur.
LE COMTE que sais-tu de ces fêtes ?
CHARLOTTE peu de chose, assurément.
LE COMTE (agacé) vas-tu bien parler ?
CHARLOTTE Monsieur, je ne fus pas à toutes, loin de là.
LE COMTE dis-moi donc ce que tu en sais.
CHARLOTTE on dit qu’il en fut de très belles. Celles où j’étais furent charmantes.
LE COMTE ha. Tu as bien dû faire ta Madame.
CHARLOTTE oh, Monsieur le Comte, devant les paysans !
LE COMTE les paysans ne sont point si stupides ; et ils parlent beaucoup entre eux, n’hésitant pas à médire. Je veux que tu n’y paraisses plus.
CHARLOTTE oh, Monsieur !
LE COMTE c’est ainsi. Où étaient-elles tenues ?
CHARLOTTE tantôt dans nos appartements, tantôt dans des tavernes.
LE COMTE des tavernes ? Soit. Et y avait-il de nos gens ?
CHARLOTTE François, mais pas toujours, Claude, Jean-François, et d’autres.
LE COMTE ont-elles été au moins de bonne tenue ?
CHARLOTTE oh oui, Monsieur, tout le monde était bien habillé, avec des bijoux, des révérences, des élégances.
LE COMTE des bijoux, tiens donc. Nicolas aussi ?
CHARLOTTE oh, surtout Nicolas, Monsieur le Comte, des gourmettes, et puis des bagues, et beaucoup de belles choses.
LE COMTE ah, tu finis par le dire. J’ai appris qu’il était tout bonnement couvert d’or et de pierreries, ton Nicolas. Quel aplomb ! Va-t-il se prendre pour un Monsieur, à cette heure ?
CHARLOTTE Monsieur le Comte, il faut que je vous dise.
LE COMTE quoi donc ?
CHARLOTTE de vilaines gens cherchent à lui nuire. Toutes sortes de rumeurs méchantes courent la campagne. Et Nicolas a interdit les placards dans toute la Comté.
LE COMTE (songeur) le sot ! Il apprendra que les murmures sont mieux à prendre que les cris.
CHARLOTTE s’il vous plaît, Monsieur le Comte ?
LE COMTE rien. (Plus fort) Ces bijoux ont un très mauvais effet sur les paysans, et Nicolas devra s’en défaire.
CHARLOTTE (rembrunie) comme il plaira à Monsieur le Comte.

SCENE 3

(Nicolas entre côté jardin)

LE COMTE ah, te voici.
NICOLAS pour vous servir, mon maître.
(Charlotte, derrière le comte, fait des signes à Nicolas, qui ne comprend pas)
LE COMTE enlève donc ton bonnet.
NICOLAS c’est qu’il fait bien froid, Monsieur.
LE COMTE on se découvre devant son maître, effronté.
NICOLAS mille pardons, Monsieur le Comte, je suis étourdi.
LE COMTE plutôt qu’étourdi, tu es bel et bien enivré de ton succès, Nicolas, et les laquais qui te flattent te grisent davantage encore. N’oublie jamais, Nicolas, que tu n’es régisseur que par mon bon vouloir, et que tu n’as cette fortune que pour me servir, ainsi que nos amis seigneurs des comtés voisins.
NICOLAS oui, mon maître.
LE COMTE on m’a rapporté que tu t’es pris de querelle avec un pêcheur, est-ce vrai ?
NICOLAS encore oui, mon maître.
LE COMTE de même, que tu as fort vilainement traité un paysan à la foire, avec des mots de palefrenier.
NICOLAS hélas oui, mon maître.
LE COMTE de plus, que tu donnes des fêtes bien brillantes, tout empesé de brocart et scintillant autant de bijoux que de souci de l’apparence ?
NICOLAS c’est un peu vrai, mon maître.
LE COMTE tu cesseras tout cela, Nicolas, sous peine de rester à jamais le petit serviteur ne commandant qu’à un hameau reculé. Entends-tu bien ?
NICOLAS sans doute, mon maître.

Le manuscrit s’achève ici. Souhaitons que l’auteur en soit identifié et que le reste de la pièce soit un jour retrouvé.

Philippe Renève

samedi 10 mai 2008

Règles du jeu de tennis-couillon du cercle d’amis Lerefuz

Une partie de tennis-couillon consiste en un concours de découverte de couillons. Les points sont décomptés à la manière du tennis pour constituer des jeux. Un match se déroule en onze jeux.

Un post sur Agoravox ou tout autre forum d’accès libre et gratuit permet de marquer un point aux conditions suivantes :
- le couillon doit être nouveau et innocent : il ne peut donc être un des joueurs, dont la couillonnitude est avérée depuis belle heurette ;
- le post doit annoncer le point ;
- un mail aux autres joueurs, avec un lien vers le post, doit appeler leur attention soutenue sur le point.

Chaque joueur joue pour son propre (ou sale) compte, contre tous les autres. Le joueur qui remporte un jeu l’inscrit dans ses tablettes, s’en vante le restant de sa vie et gagne une postérité honteuse mais efficace. A la fin du match, est proclamé vainqueur et chanceux le titulaire du plus grand nombre de jeux ; il s’alcoolise fortement, prononce un discours martial superbe et se gausse bruyamment du ridicule de ses infortunés partenaires, sous les protestations impuissantes de ces derniers.

Les contestations donnent lieu à arbitrage de manière diplomatique, civilisée et humaniste au moyen de coups de pied exclusivement dans les tibias. Les protège-tibias sont formellement prohibés ; la découverte d’un de ces objets dans le sac Nike d’un joueur entraîne immédiatement l’opprobre unanime, des huées générales et l’exclusion du malappris. Les coups de pied dans d’autres parties du corps que les tibias font l’objet de sanctions sévères, qui vont de la mise à pied avec sursis à la mise à l’ombre immédiate, en passant par la mise à l’eau glacée.

N.B. A cette heure, le Bourguignon Philippe Renève mène par un jeu à rien ; il est en tête du deuxième jeu sur le score de trente à zéro.