jeudi 25 septembre 2008

A propos de normalité et de vertu

Un excellent article paru sur Agoravox (L’élaboration des normes psychiatriques) pose un certain nombre de questions sur la normalité.

A son propos, deux réflexions.
Tout d’abord, il est très étonnant de voir, à propos des "pédophiles", qu’en deux ou trois décennies seulement, on soit passés d’une tolérance amusée envers le pépé qui tripotait les petites filles dans la cour à une répulsion très forte - je ne dis pas qu’elle est injustifiée - pour des délinquants abhorrés. Quel est le cheminement d’idées et médiatique qui a changé aussi vite "l’opinion publique" et pourquoi ?
Ensuite, cette tendance à "dépister" les enfants "susceptibles" d’être délinquants (comme le dit joliment le décret Edvige), dès la maternelle: est-ce une volonté de diffusion de thèses génétiques comme celle du président actuel, ou pour "faire propre" en bas pour mieux masquer la saleté en haut ?

Je me demande si en fait nous ne revivons pas mutatis mutandis l’époque dite victorienne, où la pruderie des mœurs et la recherche d’une sorte de perfection dans la vie publique étaient le pendant et le paravent d’une formidable hypocrisie de la bourgeoisie triomphante, qui dans le secret des alcôves et des conseils d’administration se livrait à la débauche des corps et à l’exploitation des petites gens.
Il fallait bien cette chasse éperdue à la pureté des mœurs et à l’honnêteté des citoyens pour faire croire avec la solennité la plus sévère à la vertu de ceux qui la pratiquaient et pour faire supporter une sorte d’ascèse qui comportait la nécessité (fort chrétienne) de la pauvreté, voire de la misère.

Les promoteurs de la vertu ne peuvent être que vertueux: cet axiome les lave de tout soupçon et les drape dans une perfection nimbée de philanthropie qui est du meilleur effet auprès des naïfs.



Une grande avancée dans l’étude phylogénétique des crustacés

onsieur Népomucène Nicéphore Le Furtif, professeur émérite à l’Université des Sciences de l’Ame de Montmorillon, a publié ce jour une très importante communication à l’Académie des Sciences Infuses de Poitiers, dont nous reproduisons ci-dessous le passage le plus significatif.

« Au sein des Arthropodes, les crustacés forment un groupe problématique. Selon les études , il apparaît comme étant monophylétique, groupe frère des hexapodes (Tuberville, J.M., et al. 1991 ; Boore , J.L., et al, 1995 idem 1998) ou paraphylétique , avec les hexapodes groupe frère de certains taxons de crustacés (notamment les branchiopodes)
Le comportement des sous groupes Chicagoensis en milieu de capitaux flottants reste un sujet d’étude non encore exploré. »

Il n’échappera à personne que cette analyse lumineuse représente un pas de géant dans la compréhension analytique systémiquement structurale de la phylogénèse des Arthropodes, par la dimension vertigineusement fondatrice de sa réflexion épistémologique, qui prend toute sa valeur dans l’inspiration métaphysicoculinaire qui sous-tend cette pensée novatrice jusque dans la clarté limpide de sa formulation.

A propos du sous-groupe Chicagoensis, essayons de résumer les événements récents survenus chez les crustacés marins.
Il semble que certaines populations de Cancer financiarius (crabe financier) vivant ordinairement dans d’abondantes liquidités soient actuellement en péril après la dégradation de leur biotope provoqué par la surmortalité soudaine du plancton Subprima credita (subsp americana).

Précisément, les crustacés du sous-groupe Chicagoensis, particulièrement Friedmannia destructoria, n’y seraient pas étrangers, par leur action de sape continue sur les fondements sociaux des populations pélagiques, qui ne profite qu’à l’espèce de poisson Caballerus industrius (chevalier d’industrie), qui prospère en eaux troubles, souvent nommé Copinus sarkozii dans les eaux françaises (sous-espèces bouygus, arnaultis, dassaultus, lagarderum, etc.).

mardi 23 septembre 2008

On fait croire

On fait croire que l’ultralibéralisme, avec son corollaire la mondialisation, est le seul système économique possible.
On fait croire que tout ce qui n’est pas « libéral » dans le sens de l’ultralibéralisme est liberticide, collectiviste et totalitaire.
On fait croire que les Etats n’ont plus d’action possible sur l’économie.
On fait croire que les privatisations sont par essence sources de bienfaits pour l’économie.
On fait croire que l’Europe exige la privatisation des services publics.
On fait croire que les services publics sont inefficaces.
On fait croire que les concessions des services des eaux, de collecte des déchets, et tous les services publics privatisés profitent au contribuable.
On fait croire que l’éducation nationale française est en totale décomposition, et que les enseignants de maternelle changent les couches des enfants.
On fait croire qu’on fera des économies en supprimant des dizaines de milliers de postes d’enseignants.
On fait croire que les Français qui se soignent bien volent les autres.
On fait croire que le système de santé est au bord du gouffre financier et qu’il faut faire payer les malades eux-mêmes.
On fait croire que les Français les plus riches s’exileront si leurs impôts et leurs droits de succession ne baissent pas.
On fait croire que le système de retraites par répartition est moribond et qu’il faut privatiser tout cela pour un système par capitalisation.
On fait croire que les allégements de charges aux entreprises luttent efficacement contre le chômage.
On fait croire que le travail à temps partiel satisfait les salariés.
On fait croire qu’un chômeur qui refuse trois offres d’emploi est un salaud.
On fait croire qu’il est possible de vivre décemment avec le RMI, dont les bénéficiaires sont des fainéants.
On fait croire que les entreprises créent des emplois par vertu.
On fait croire que les entreprises agissent pour le bien de tous les citoyens.
On fait croire qu’on va punir les responsables de la crise des subprimes.
On fait croire que les immigrés viennent manger le pain des Français.
On fait croire que les sans-papiers qui travaillent sont des parasites.
On fait croire que tous les citoyens ont les mêmes chances de s’enrichir.
On fait croire que toute personne peut créer une entreprise et faire fortune.
On fait croire que l’Etat se soucie des mauvaises conditions de logement de millions de citoyens.
On fait croire que la liberté de chacun s’accroîtra en supprimant la solidarité.
On fait croire que la richesse matérielle fait le bonheur des hommes.
On fait croire que la politique de l’Etat profite à tous les citoyens.
On fait croire que l’Etat lutte contre les inégalités matérielles.
On fait croire que la liberté ne peut être que l’égoïsme.
On fait croire que l’égalité ne peut être que la naïveté.
On fait croire que la fraternité ne peut être qu’une utopie communiste.


Qui ça on ?
Le pouvoir politique français.
A qui tout cela profite-t-il ?
Exclusivement aux plus riches,
les amis et commanditaires du pouvoir politique français,
qui ment aux citoyens.

lundi 15 septembre 2008

L’économie élitiste de marché



Le juriste et sociologue Alain Supiot, dans un article paru dans Le Monde du 25 janvier 2008 [1], décrit par une remarquable synthèse les caractéristiques de nombre de gouvernements en fonctions et définit pour les nommer une notion d’« économie communiste de marché », expression employée par les dirigeants chinois actuels.

Il montre en premier lieu que, dans deux arrêts récents (affaires Viking et Laval) , la Cour de Justice Européenne, qui se substitue (étrangement) pour partie aux représentants des citoyens de l’Europe dans la fonction législative, avait institutionnalisé la liberté de choix des entreprises contre celle des salariés de protestation contre ces choix qui pourraient les léser. En l’occurrence, les deux arrêts ont donné raison à des entreprises qui avaient décidé d’appliquer le droit du travail le plus favorable pour elles, et le plus défavorable aux salariés, et nié le droit des salariés à la grève contre ces décisions.

Droit européen et défense des citoyens

Ainsi l’union européenne se fait-elle dans le sens d’un droit communautaire, qui échappe aux citoyens, à l’abri de l’action syndicale, alors même que le droit à la grève est exclu du champ des compétences sociales communautaires et reconnu par le Droit du travail de chaque pays membre.
Citons l’article : « A cette fin, les règles du commerce sont déclarées applicables aux syndicats, au mépris du principe de “libre exercice du droit syndical”, tel que garanti par la convention 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT). » Or, « Le droit de grève et la liberté syndicale sont le propre des vraies démocraties, dans lesquelles l’évolution du droit n’est pas seulement imposée d’en haut, mais vient aussi d’en bas, de la confrontation des intérêts des employeurs et des salariés. »
L'auteur estime que cette orientation du droit communautaire va précisément dans le sens d’une réalisation des « projets constitutionnels de l’un des pères du fondamentalisme économique contemporain : Friedrich Hayek. Hayek a développé dans son œuvre le projet d’une “démocratie limitée”, dans laquelle la répartition du travail et des richesses, de même que la monnaie, seraient soustraites à la décision politique et aux aléas électoraux. »

L’économie communiste de marché

Les dirigeants chinois appellent « économie communiste de marché » la forme de gouvernement politique et économique qu’ils appliquent depuis quelques lustres, qui peut également nommer celle de nombreux pays d’Europe de l’Est, et qui concerne largement aussi les tendances des institutions européennes et de nombreux gouvernements démocratiquement parvenus au pouvoir un peu partout dans le monde et notamment dans l’union européenne.
« Edifié sur la base de ce que le capitalisme et le communisme avaient en commun (l’économisme et l’universalisme abstrait), ce système hybride emprunte au marché la compétition de tous contre tous, le libre-échange et la maximisation des utilités individuelles, et au communisme la “démocratie limitée”, l’instrumentalisation du droit, l’obsession de la quantification et la déconnexion totale du sort des dirigeants et des dirigés. Il offre aux classes dirigeantes la possibilité de s’enrichir de façon colossale (ce que ne permettait pas le communisme) tout en se désolidarisant du sort des classes moyennes et populaires (ce que ne permettait pas la démocratie politique ou sociale des Etats-providence). Une nouvelle nomenklatura, qui doit une bonne part de sa fortune soudaine à la privatisation des biens publics, use ainsi de la libéralisation des marchés pour s’exonérer du financement des systèmes de solidarité nationaux.»

La sécession des élites

Et de conclure : « Cette “sécession des élites” (selon l’heureuse expression de Christopher Lasch) est conduite par un nouveau type de dirigeants (hauts fonctionnaires, anciens responsables communistes, militants maoïstes reconvertis dans les affaires) qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’entrepreneur capitaliste traditionnel. »

Il cite enfin, pour montrer les signes explicites de ce comportement dans notre pays, les propos de M. Kessler, PDG de la SCOR (5e réassureur mondial) et ex-vice-président du Medef, qui assenait en octobre 2007 : « Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! (...) (qui) se tradui(si)t par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l'importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d'être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc. » [2]


L’économie élitiste de marché

Décrivant nous-même ce type de pouvoir depuis longtemps, plus que « économie communiste de marché », qui est un paradoxe nécessitant des explications, nous proposerons l’expression « économie élitiste de marché ». Elle nous semble bien décrire cette forme de gouvernement menée pour leur propre profit par des dirigeants cooptés, qui réunissent parfois avec ostentation deux pouvoirs, le politique et l’économique, ce dernier se traduisant par leur enrichissement personnel.
Ils arrivent au pouvoir et s’y maintiennent soit par la contrainte (Chine, Russie il y a peu) ou par la ruse pseudo-démocratique, en prenant l’apparence de dirigeants de partis républicains et respectueux des lois, feignant d’œuvrer pour la prospérité et le bonheur matériel de tous les citoyens. Leur but n’est que de s’enrichir eux-mêmes et d’accroître toujours plus leur pouvoir sur les sociétés. En conséquence, une partie de leurs actions s’éloignent temporairement de leurs objectifs matériels immédiats, à seule fin de s’attirer, lorsqu'ils sont nécessaires, les suffrages indispensables à leur maintien par des voies démocratiques au moyen de mesures en faveur des classes moyennes supérieures : pour notre pays, citons la baisse de l’impôt sur le revenu des plus hautes tranches, des droits de succession, les allégements de charges sociales et de fiscalité sur les PME et TPE, etc.
Le système politique démocratique est verrouillé par cette sorte de caste qui ne recrute que par cooptation : les citoyens des classes populaires et moyennes, même supérieures, n’ont pas accès au cénacle de décision ; ceux qui s’engagent en politique, obscurs soutiers, n’obtiennent, sauf exception dûment médiatisée, que des fonctions et des mandats locaux qui ne leur donnent que des miettes de pouvoir.

C’est bien la forme moderne, adroite et discrète, de la ploutocratie.


[1] disponible sur http://lucky.blog.lemonde.fr/2008/02/02/alain-supiot-%C2%AB-voila-l-economie-communiste-de-marche-%C2%BB-une-critique-accablante-de-lunion-europeenne-par-un-europeen-specialiste-du-droit-du-travail-friedrich-hayek-et-la-democratie-limitee-s/

[2] Pour des détails , cf http://philippereneve.blogspot.com/2008/08/le-programme-du-gouvernement-actuel-est.html

samedi 6 septembre 2008

Petit sablier de grains de mots



allitérations

itérations

rations

scions

ions

on

o

on

ions

scions

rations

itérations

allitérations





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vendredi 5 septembre 2008

Faisons un geste


e propose d’instaurer un jour dans l’année - la saint Richard, par exemple, le 3 avril - pour venir en aide à nos amis les Riches.


Ce jour de solidarité, qui pourrait être nommé "le Jour des Isofois", les petits enfants des écoles, les bénévoles et tous les citoyens soucieux de justice sociale parcourraient les rues en sonnant à toutes les portes pour recueillir dons en espèce et en nature dans de grands paniers percés, qui seraient ensuite remis à des représentants de nos malheureux ISFois avec toute la solennité requise par ce geste d’équité. Les dons tombés des paniers seraient bien entendus rassemblés en une cagnotte distribuée tout au long de l’année aux misérables animaux de compagnie de nos riches, afin d’aider à leur difficile subsistance.

Bien plus, je serais partisan d’instaurer un impôt Sécheresse du Cœur, protégé bien sûr par le bouclier fiscal avec le plus grand soin, prélevé chaque mois sur les allocations familiales, logement, AAH, RMI, RSA et autres aides aux prétendus nécessiteux, qui permettraient enfin à nos ISFois de vivre avec la plus simple des dignités, en n’ayant pas à supporter ces atroces charges qui pèsent honteusement sur les hauts revenus et les grandes fortunes. Ainsi pourraient-ils enfin mener une vie exempte d’angoisse des échéances à régler à cet Etat spoliateur, et retrouveraient pour la plus grande hygiène publique l’envie et la possibilité financière de rester propres.

Alors peut-être verrons-nous enfin les sourires apparaître sur le visage de ces personnes défavorisées, comme Monsieur Bouygues, Monsieur Dassault ou Madame Parisot, victimes innocentes des régimes cryptotrotskystes qui sévissent dans notre malheureuse France depuis la dernière guerre.

Haut les cœurs !


jeudi 4 septembre 2008

Essai

Allitérations ratiocinées ¹



Un troglodyte orthopédiste

Un tichodrome psychologue

Une prosopopée palinodique

Un ptérodactyle pythagoricien

Un mythomane dithyrambique

Un rhododendron dicotylédone

Un pithécanthrope parthénogénétique

Une cartographie orthodromique

Un psychotrope diaphorétique

Un percnoptère septuagénaire

Un saxophoniste toxicomane

Un palindrome onomastique

Un théologien ornithologue

Et

Emerveillement éternel

Un herpétologue hermaphrodite.





1. Clin d'œil à Dancharr