Emile Red nous transmet cet article.
Attention, ce qui suit n'est qu'une modeste théorie qui n'a rien d'absolu et chaque perception doit être relativisée en considération de la diversité de l'état humain.
Il y a des lustres que je m'interroge sur ce qui différencie un homme de gauche d'un homme de droite.
D'aucuns définiront les dissemblances uniquement sur un ensemble de valeurs antagonistes.
Pourtant est-ce si simple ?
Nous avons dans un même corps national une éducation majoritairement identique, nous avons fréquenté l'école de la république, nous partageons les mêmes traditions, nous avons une langue commune. Passons pour l'instant l'objection de l'origine exogène ou sociale tant les exemples contradictoires sont nombreux.
Globalement, nous avons tous la même culture.
La source de cette interrogation résulte des deux questions que tout homme s'est posées un jour :
a) Comment un ouvrier peut-il être de droite.
b) Comment peut-on croire à l'égalitarisme.
L'analyse de ces questions sous-tend une forme de déterminisme évolutif, pour un gauchisant, qui voudrait que l'ouvrier ne peut être que de gauche résultante de son état d'ouvrier et que ce ne serait que conditionnellement qu'il pourrait diverger vers la droite, déterminisme statutaire, pour un droitisant, qui définit une place et une seule pour chacun sans possibilité de variation.
Les faits, dans la marge, sont assez concordants, effectivement nous voyons souvent un passage de la gauche vers la droite alors que l'inverse semble inexistant.
Mais la conclusion de cette analyse ne vaut pas réponse, nous pourrions stopper l'affaire en affirmant que l'ouvrier est de gauche et que son devenir de cadre peut l'amener à droite ou que c'est le niveau de mérite et de capacités qui font un homme de droite.
Pourtant rien n'est moins vrai...
Lorsque nous répondons aux questions précédentes, nous omettons l'ensemble des cas pour nous focaliser sur une image définie inconsciemment, que nous soyons de droite ou de gauche, nous symbolisons l'idée.
Or quand on lit la prose de droite nous nous apercevons que le déterminisme statutaire est d'autant plus une certitude que nous nous approchons des extrêmes et de même quand nous nous dirigeons vers l'extrémité à gauche nous perdons la forme déterminée, ce qui ressemble étrangement aux concepts d'inné et d'acquis en psychologie. Nous pourrions tout à fait interchanger le déterminisme évolutif par l'acquis, et le statutaire par l'inné.
D'où la notion de droite qui prédétermine le devenir par l'inné et la notion de gauche qui centre le futur sur l'acquis, il serait aisé de définir l'approche de droite comme un "naturalisme" et celle de gauche comme un "culturalisme".
A partir de ce postulat, il devient plus compréhensible que la forme de pensée définirait le positionnement philosophique tout en faisant abstraction de la diversité sociale originelle.
Le naturalisme identifie l'homme dans ses capacités naturelles à dominer ou à être dominé, nonobstant sa culture.
Le culturalisme appuierait l'évolution de l'homme sur le contexte culturel et sa détermination à dominer ou être dominé sur le circonstanciel.
C'est par ce biais qu'on peut aussi expliquer le relativisme constitutionnel de la pensée de gauche et la fermeté convictionnelle de la pensée de droite, d'où les possibilités de variations des uns et la stabilité identitaire des autres.
De même ce postulat expliquerait valablement la propension indéfectible à assumer croyance et foi religieuse plutôt à droite quand l'agnosticisme ou l'athéisme serait un aboutissement réflexif à gauche.
Et encore, c'est dans le même esprit qu'il est possible d'intégrer les principes de justice ou d'humanisme, de ce fait la variabilité de l'homme est entérinée dans la pensée de gauche quand elle est exclue du raisonnement de droite, aussi nous pouvons expliquer l'individualisme qui fait un homme monolithe indépendant du milieu et le sens collectif qui caractérise l'inconstance humaine.
Il convient de ne pas tomber dans la simplification, cette théorie résumée n'est nullement exhaustive d'exception, elle se distingue seulement dans la dissociation du mode de pensée de l'état contextuel et expliquerait les anomalies interrogées en ce début de texte. Elle tend à exposer les attachements philosophiques à deux constructions intellectuelles singulières qui ne se recoupent que très peu et à expliquer succinctement les raisons de l'incompréhension et des incompatibilités qui règnent entre deux groupes conceptuels indépendamment de leur composition.
Je souhaite avoir été précis bien qu'un livre entier serait nécessaire à détailler cette réflexion...
Emile Red