samedi 26 février 2011

Les raffinements du chewing-gum de M. Sarkozy

Notre président a de nouveau manifesté à l'étranger son sens de la courtoisie, de la considération d'autrui et des bonnes manières.

En visite en Turquie, le chef d'Etat est descendu de son coûteux aéronef, qui fait la fierté des Français et la platitude de leur porte-monnaie, en mâchant un gros chewing-gum. La chose était si visible que le maire d'Ankara, pour stigmatiser son comportement, a tenu à l'imiter avec ostentation. Tout le landernau internétique fait déjà des gorges chaudes de cet aimable témoignage de considération du premier diplomate de France. 
Il n'en est pas à son coup d'essai: en septembre 2009, visitant une usine, il avait déjà tenu à montrer son respect des salariés en mâchouillant ostensiblement ce qu'il doit considérer comme le comble du raffinement de cette Amérique qu'il apprécie tant.
Il n'a passé que six heures en Turquie. Sans doute était-ce trop court pour qu'il eût le temps de cracher l'objet; la délicatesse du style de la visite aura été inversement proportionnelle à sa durée.

Après les opportunes vacances et affaires des ministres de la République en Afrique du Nord, remercions tous ensemble le président pour sa distinction et l'élégance de la manière dont il rehausse le prestige français dans le monde.


mercredi 23 février 2011

L'antidiplomatie de Sarkozy

Une tribune libre dans Le Monde, rédigée par un groupe de diplomates "d'obédiences politiques variées", décrit très justement les dégâts que le président a faits et continue de faire dans les relations avec les autres pays.

Un extrait goûtu:

« La politique suivie à l'égard de la Tunisie ou de l'Egypte a été définie à la présidence de la République sans tenir compte des analyses de nos ambassades. C'est elle qui a choisi MM. Ben Ali et Moubarak comme "piliers sud" de la Méditerranée.

Un WikiLeaks à la française permettrait de vérifier que les diplomates français ont rédigé, comme leurs collègues américains, des textes aussi critiques que sans concessions. Or, à l'écoute des diplomates, bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l'amateurisme, à l'impulsivité et aux préoccupations médiatiques à court terme.

Impulsivité ? L'Union pour la Méditerranée, lancée sans préparation malgré les mises en garde du Quai d'Orsay qui souhaitait modifier l'objectif et la méthode, est sinistrée.

Amateurisme ? En confiant au ministère de l'écologie la préparation de la conférence de Copenhague sur le changement climatique, nous avons abouti à l'impuissance de la France et de l'Europe et à un échec cuisant.

Préoccupations médiatiques ? La tension actuelle avec le Mexique résulte de l'exposition publique d'un dossier qui, par sa nature, devait être traité dans la discrétion.

Manque de cohérence ? Notre politique au Moyen-Orient est devenue illisible, s'enferre dans des impasses et renforce les cartes de la Syrie. Dans le même temps, nos priorités évidentes sont délaissées. Il en est ainsi de l'Afrique francophone, négligée politiquement et désormais sevrée de toute aide bilatérale.

Notre politique étrangère est placée sous le signe de l'improvisation et d'impulsions successives, qui s'expliquent souvent par des considérations de politique intérieure. Qu'on ne s'étonne pas de nos échecs. Nous sommes à l'heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les "plumes" conçoivent de grands desseins, où les réseaux représentant des intérêts privés et les visiteurs du soir sont omniprésents et écoutés. »

On ne saurait mieux dire... Pour satisfaire les intérêts privés qui l'ont porté au pouvoir et qui ont été les visiteurs du soir des élections au Fouquet's, Sarkozy à l'intérieur casse la solidarité, sacrifie le bien-être des moins favorisés à celui des nantis et, à l'extérieur, détruit l'image de notre pays en se faisant le piteux roquet des USA. Celui à qui on jette des os déjà rongés et qu'on chasse d'un coup de pied.


Image: capture de vidéo Youtube.

lundi 14 février 2011

La démocratie manipulée

Depuis quelques décennies dans les pays avancés, la démocratie n'est plus que théorique: les manœuvres médiatiques des pouvoirs en place gouvernent dans les faits la tête des citoyens.
Noam Chomsky remarque très justement que les choix des électeurs sont si influencés par la communication-propagande des pouvoirs politiques et des lobbies des grands groupes industriels et financiers (ceux-là représentant ceux-ci) que leurs décisions ne sont plus vraiment libres et que la démocratie n'est qu'une jolie façade de l'oppression: c'est ce qu'il appelle judicieusement la fabrication du consentement. 

Ainsi, la mainmise sur la société des pouvoirs économiques, qui possèdent tous les moyens d'influence à travers le contrôle financier des médias,  peut se passer de la violence physique en contraignant les esprits par le conditionnement psychologique, aussi efficace mais à la fois plus discret et plus sûr à long terme.

Un seul exemple du formatage des cerveaux dans nos pays: combien reste-t-il de citoyens pensant qu'une société peut très bien fonctionner d'une autre manière que dans le capitalisme sauvage rebaptisé libéralisme, la mondialisation prétendue inévitable et la rigueur budgétaire érigée en dogme ? Pour les trois quarts de la population, tout cela est tout simplement imposé par l'économie, résulte du progrès et est impossible à refuser: c'est un peu le prix à payer pour un bien-être plus grand qu'hier. La loi du plus fort n'est plus imposée; elle s'exerce par le biais de l'acceptation de ses contraintes ressenties comme extérieures et nécessaires. Pourtant, rien là-dedans n'est irréversible ni digne du TINA (There Is No Alternative).

Le but est atteint sans violence physique et dans une apparente démocratie : les grands groupes, c'est-à-dire les plus nantis, sont au pouvoir, et s'enrichissent dans la plus grande liberté possible au détriment de la population. Il n'est que de voir les faramineux bénéfices qu'ils dégagent à une époque de prétendue crise généralisée, où les citoyens doivent accepter des baisses de niveau de vie et de libertés. Les impôts des plus aisés sont même tout simplement réduits; les inégalités s'accroissent démesurément et les nations en reviennent à la société de la fin du XIXe siècle, l'époque des maîtres de forges, tout cela sans provoquer de heurts sociaux majeurs.

Ainsi, en politique et en économie, la liberté de choix n'est plus que celle d'accepter les contraintes.

Seul un réveil des citoyens et une prise de conscience de cette manipulation pourront contrecarrer cette entreprise cynique; nous devons tous y travailler. Si vous le voulez bien, nous nous emploierons ici à montrer avec votre aide comment les esprits sont conditionnés et les durs résultats de cette douce oppression.

samedi 12 février 2011

Le chiffre: 74%

Un sondage pour le Parisien montre que 74 % des Français, ayant vu ou pas l'émission, ont trouvé Sarkozy « pas convaincant » jeudi soir sur TF1.

Eloquent...


Photo: capture de vidéo.

jeudi 10 février 2011

Estrosi, Sarkozy: démagogie et compagnie

M. Estrosi ce matin sur France Info (voir la vidéo sur le site) a donné un exemple très pédagogique de démagogie appliquée au discours politique.

Commentant « l'affaire Laetitia », qui secoue actuellement les milieux judiciaires, policiers et politiques, il a eu ces phrases (à 7mn 50s sur la vidéo) :

« Vous pensez que Laëtitia aujourd’hui elle se pose la question si c’est par manque de moyens qu’elle n’est plus de ce monde… Non. Eh bien, je trouve ça inadmissible de la part de ces magistrats-là qui sont des magistrats issus de syndicats engagés. (...) »

Il ne semble pas utile de commenter davantage de tels procédés, sinon pour remarquer qu'il faut être aux abois pour les employer.

Lorsque le pouvoir politique attaque le pouvoir judiciaire, c'est la République elle-même qui est attaquée.


Photo: capture de vidéo Dailymotion.

mardi 8 février 2011

MAM: la curée ?

La curée approche: le maître piqueur Philippe Bilger, ordinairement fort prudent sur la piste des grands fauves politiques, donne le signal aujourd'hui.

Madame Alliot-Marie a cru que les ministres de la République peuvent se comporter comme des princes cyniques et profiter avec délectation des cadeaux et des invitations de princes plus cyniques qu'eux.

Son erreur a sans doute été de penser que ses dernières frasques passeraient inaperçues. Après cet épisode peu flatteur pour les collaborateurs de Sarkozy, attendons-nous à quelque tour de vis législatif et à quelques représailles contre ces médias qui dénoncent un peu trop facilement les aristocratiques turpitudes de l'Etat UMP.


Photo: capture de vidéo Dailymotion.

lundi 7 février 2011

Naturalisme ou culturalisme ?

Emile Red nous transmet cet article.
Attention, ce qui suit n'est qu'une modeste théorie qui n'a rien d'absolu et chaque perception doit être relativisée en considération de la diversité de l'état humain.

Il y a des lustres que je m'interroge sur ce qui différencie un homme de gauche d'un homme de droite.
D'aucuns définiront les dissemblances uniquement sur un ensemble de valeurs antagonistes.
Pourtant est-ce si simple ?
Nous avons dans un même corps national une éducation majoritairement identique, nous avons fréquenté l'école de la république, nous partageons les mêmes traditions, nous avons une langue commune. Passons pour l'instant l'objection de l'origine exogène ou sociale tant les exemples contradictoires sont nombreux.
Globalement, nous avons tous la même culture.

La source de cette interrogation résulte des deux questions que tout homme s'est posées un jour :
a) Comment un ouvrier peut-il être de droite.
b) Comment peut-on croire à l'égalitarisme.

L'analyse de ces questions sous-tend une forme de déterminisme évolutif, pour un gauchisant, qui voudrait que l'ouvrier ne peut être que de gauche résultante de son état d'ouvrier et que ce ne serait que conditionnellement qu'il pourrait diverger vers la droite, déterminisme statutaire, pour un droitisant, qui définit une place et une seule pour chacun sans possibilité de variation.
Les faits, dans la marge, sont assez concordants, effectivement nous voyons souvent un passage de la gauche vers la droite alors que l'inverse semble inexistant.
Mais la conclusion de cette analyse ne vaut pas réponse, nous pourrions stopper l'affaire en affirmant que l'ouvrier est de gauche et que son devenir de cadre peut l'amener à droite ou que c'est le niveau de mérite et de capacités qui font un homme de droite.
Pourtant rien n'est moins vrai...
Lorsque nous répondons aux questions précédentes, nous omettons l'ensemble des cas pour nous focaliser sur une image définie inconsciemment, que nous soyons de droite ou de gauche, nous symbolisons l'idée.
Or quand on lit la prose de droite nous nous apercevons que le déterminisme statutaire est d'autant plus une certitude que nous nous approchons des extrêmes et de même quand nous nous dirigeons vers l'extrémité à gauche nous perdons la forme déterminée, ce qui ressemble étrangement aux concepts d'inné et d'acquis en psychologie. Nous pourrions tout à fait interchanger le déterminisme évolutif par l'acquis, et le statutaire par l'inné.
D'où la notion de droite qui prédétermine le devenir par l'inné et la notion de gauche qui centre le futur sur l'acquis, il serait aisé de définir l'approche de droite comme un "naturalisme" et celle de gauche comme un "culturalisme".
A partir de ce postulat, il devient plus compréhensible que la forme de pensée définirait le positionnement philosophique tout en faisant abstraction de la diversité sociale originelle.

Le naturalisme identifie l'homme dans ses capacités naturelles à dominer ou à être dominé, nonobstant sa culture.
Le culturalisme appuierait l'évolution de l'homme sur le contexte culturel et sa détermination à dominer ou être dominé sur le circonstanciel.
C'est par ce biais qu'on peut aussi expliquer le relativisme constitutionnel de la pensée de gauche et la fermeté convictionnelle de la pensée de droite, d'où les possibilités de variations des uns et la stabilité identitaire des autres.
De même ce postulat expliquerait valablement la propension indéfectible à assumer croyance et foi religieuse plutôt à droite quand l'agnosticisme ou l'athéisme serait un aboutissement réflexif à gauche.

Et encore, c'est dans le même esprit qu'il est possible d'intégrer les principes de justice ou d'humanisme, de ce fait la variabilité de l'homme est entérinée dans la pensée de gauche quand elle est exclue du raisonnement de droite, aussi nous pouvons expliquer l'individualisme qui fait un homme monolithe indépendant du milieu et le sens collectif qui caractérise l'inconstance humaine.
Il convient de ne pas tomber dans la simplification, cette théorie résumée n'est nullement exhaustive d'exception, elle se distingue seulement dans la dissociation du mode de pensée de l'état contextuel et expliquerait les anomalies interrogées en ce début de texte. Elle tend à exposer les attachements philosophiques à deux constructions intellectuelles singulières qui ne se recoupent que très peu et à expliquer succinctement les raisons de l'incompréhension et des incompatibilités qui règnent entre deux groupes conceptuels indépendamment de leur composition.

Je souhaite avoir été précis bien qu'un livre entier serait nécessaire à détailler cette réflexion...
 
Emile Red

vendredi 4 février 2011

Recette du chaud-froid de PS à la diable

Le parti prétendu socialiste ressemble de manière de plus en plus frappante au radical-socialisme des troisième et quatrième républiques: il n'est plus qu'un conclave de notables dont le but n'est plus d'appliquer des idées à la politique, mais de prendre et de conserver du pouvoir, à quelque échelon que ce soit, de la commune à la présidence de la république, par tous moyens légaux excepté la fidélité à des idées de gauche.

Aussi est-il possible de métaphoriser gaiement en élaborant la

Recette du chaud-froid de PS à la diable

Prendre un joli cuissot d'espoir fervent. Le barder généreusement de protestation tonitruante découpée en promesses intenables.

Laisser mariner une nuit (avant une aube radieuse, de préférence) dans un mélange à parts égales d'opportunisme poivré et de compétition destructrice.

Saisir au gril à feu nourri. Braiser deux heures avec un demi-litre de libéralisme néoconservateur très sec, un tour de moulin de socialisme (largement suffisant) et une cuiller à soupe bombée de déréglementation. Goûter et si le brouet est fadasse, ne pas hésiter à épicer de déclarations contradictoires, prises de position rétrogrades et mollesses complices. Ne pas abuser de l'humanisme, il n'est pas apprécié de tous.

Napper largement d'une sauce onctueuse de démagogie sucrée-salée montée à l'électoralisme et déglacée d'un fond de jésuitisme selon la température des sondages.

Servir très tiède.


jeudi 3 février 2011

Droite et gauche: la fin ?

Je conseille à tous la lecture d'un article très intéressant de Waldgänger sur son blog, qui est un peu long pour être repris ici: « Des clivages politiques, et de leur mort inéluctable  ».
Je ne suis pas d'accord avec ses conclusions pour la période contemporaine, où il écrit que les concepts de droite et gauche ne sont plus pertinents, et je veux préciser ici mon opinion.

Pour un citoyen de droite, toute société comporte des inégalités qui sont une conséquence inévitable, et même bienvenue, de la liberté, qui ne se discute pas; la morale, aussi respectable soit-elle, n'est dans ce domaine au mieux qu'une utopie irréaliste, au pire qu'une faiblesse déplacée. Pour un citoyen de gauche, la morale commande, et ces injustices détestables peuvent et doivent être combattues, fût-ce au prix d'une partie de la liberté pour certains.
Il est clair que la pensée de droite mène tout droit à l'ultralibéralisme en prônant un minimalisme en matière de réglementation, alors que celle de gauche s'élève contre cette loi de la jungle.
Si une partie de la gauche actuelle adopte des idées comme les déréglementations et la mondialisation sauvage, c'est bien qu'elle a rompu avec ses racines humanistes pour s'accorder avec les puissances économiques qui gouvernent de facto.
Pour une illustration de cette pensée de gauche, renvoyons à la belle phrase de Lacordaire :

« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime, c'est la loi qui affranchit

Non, Robert Boulin n'est pas mort noyé

Le témoignage d'un gendarme sur 20 Minutes est formel: Robert Boulin n'est pas mort de noyade.

Il a vu son corps émergeant de l'eau dans une attitude qui exclut la thèse officielle.

La justice, qui avait récemment refusé la réouverture de l'enquête, ne devrait plus pouvoir tergiverser dans cette affaire où il semble depuis longtemps que des raisons politiques soient à l'origine de la mort du ministre.