dimanche 27 novembre 2011

Intégristes religieux et ultralaïcs, ennemis et frères

Dans les rapports de nos sociétés à la religion, il existe quatre grandes tendances et autant de groupes d'importances différentes. Des croyants en une religion, pratiquants ou non, mais qui s'y réfèrent dans leur pensée et dans leur vie sans en faire un totalitarisme universel; on peut les qualifier de modérés. Des laïcs, souvent athées, qui refusent toute intrusion excessive de la religion dans la vie de la cité et défendent une société où les religions ne sont pratiquées que dans la vie privée de chacun, avec des manifestations collectives réduites; on peut aussi les nommer modérés. Des intégristes religieux, qui veulent faire de leur religion, prise comme la vérité universelle, une idéologie, base permanente des règles et des pratiques de vie de tous les citoyens, en l'imposant au besoin. Des ultralaïcs, qui refusent toute place aux religions dans la vie sociale et ne les tolèrent qu'invisibles voire cachées, et nient peu ou prou leur principe.

Bien entendu, les deux extrêmes sont, à des degrés divers selon les pays, très minoritaires; croyants et laïcs modérés forment l'immense majorité des citoyens dans les sociétés occidentales, avec peut-être une exception « libérale » aux Etats-Unis, où la référence au christianisme est traditionnelle et inévitable.

Il semble que les deux extrémismes soient à jamais des ennemis mortels. En fait, ils se complètent parfaitement, se justifient mutuellement et se renforcent toujours un peu plus.
Ils ont le même but: conquérir du pouvoir – social, politique, économique – sur des populations. Les intégristes religieux veulent se rallier des croyants modérés pour accomplir leur rêve, qui est de prendre le pouvoir, religieux et  séculier, dans des communautés voire des Etats. Les intégristes laïcs veulent dominer un nombre croissant de laïcs modérés pour constituer des groupes de pression puissants formés de masses de citoyens qui leur seraient dévoués; du reste, ils sont le plus souvent très proches de partis d'extrême-droite et de groupes « identitaires », dont le but totalitaire est manifeste. La symétrie est si marquée que certains à gauche se trompent de combat en soutenant certains intégrismes, stupide erreur politique et morale qui ne peut que réjouir l'extrême-droite.

Chacun a un intérêt majeur à l'existence de l'autre, et à sa radicalisation qui justifie son propre extrémisme. Plus les intégristes religieux donnent de la voix pour réclamer des exceptions à la laïcité – port de vêtements, censure de spectacles, financement de lieux de culte –, plus les intégristes de la laïcité triomphent devant ces volontés de conquête. Plus ceux-ci dénoncent l'emprise des religieux intégristes et plus ces derniers sont fondés à hurler aux atteintes à la liberté de pensée et, au fond, ravis de cette opposition opportune qui assoit un peu plus leurs exigences et incite les croyants modérés à les rejoindre.
Les deux partis clament pareillement que ceux qui ne suivent pas le dogme dans son intégralité ne sont pas des croyants: la demi-mesure n'existe pas pour les extrémistes.
Aucun des deux ne cherche à calmer le jeu en appelant à l'indifférence envers l'autre, trop heureux de constituer et d'entretenir ce cercle délicieux formé à partir des extrêmes diamétralement opposés; un cercle ne tient que par ses diamètres.

Ils se servent mutuellement de repoussoir, à la satisfaction générale: la comédie ne serait plus si les intégristes faisaient des concessions ou si les ultralaïcs commençaient à tolérer des signes « ostentatoires ». Il y a donc une complicité des deux extrêmes, parfois visible dans certaines méthodes communes: excès de l'expression, toujours polémique et caricaturant l'autre, attaques personnelles, instrumentalisation systématique de tout événement propice, aussi minime soit-il. De la même manière aveugle, les ultrareligieux fondent leurs revendications sur les écritures considérées comme les bases indiscutables de la foi, les ultralaïcs sur des principes de laïcité qu'ils définissent eux-mêmes, aussi arbitraires et aussi peu négociables.  Intégrisme et ultralaïcité, même combat, mêmes méthodes, mêmes discours: ils sont décidément inséparables. Dans la nocivité.

Et surtout, leur volonté identique de puissance et d'emprise sur les cerveaux se manifeste semblablement par leur prétention à incarner les modérés: comme les intégristes se proclament représentants de tous les (vrais) croyants, les ultralaïcs se posent en guides rassembleurs de tous les laïcs opposés sincèrement aux intrusions religieuses dans la vie de la cité.

Il ne s'agit pas de défendre des idées ou des croyances, ou si peu, ni de se mettre au service des citoyens; leur but est au contraire d'en inciter à adopter certaines pensées et attitudes qui les amènent naturellement dans le giron de ces manipulateurs. Ils emploient souvent des deux côtés les bonnes vieilles méthodes du totalitarisme: provoquer la mauvaise conscience, appeler dans des langages guerriers à la résistance contre l'autre, radicaliser la doctrine pour regrouper et fanatiser. L'intolérance d'extrême-droite des uns, le sectarisme  religieux des autres: en somme, les officiers de Marine ne peuvent que s'entendre avec les capitaines de courbette.



vendredi 11 novembre 2011

Les uns sans les autres




Au onzième top il sera exactement


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jeudi 3 novembre 2011

Automne en montagne

Quelques vues de l'automne dans les Hautes-Alpes.

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Photos Philippe Renève.