En voici des extraits qui décrivent très bien les évolutions intervenues depuis la deuxième Guerre Mondiale. Le texte comprend des notes indiquant notamment les sources, que nous avons supprimées pour faciliter la lecture.
« Depuis le début des années 1970, les milieux industriels et bancaires des pays économiquement développés se trouvent confrontés à une exacerbation de la concurrence qui les jette les uns contre les autres, phénomène dû principalement à l’internationalisation croissante des échanges et des flux de capitaux, au déclin de la profitabilité ainsi qu’à une conjoncture économique morose et instable. Pour ces milieux, la capacité à s’imposer dans cette lutte plus féroce passe par l’amélioration de leur compétitivité respective. D’où leur tournant vers le néolibéralisme, c’est-à-dire vers une politique musclée de contre-réforme, axée sur le patient démantèlement des conquêtes sociales, économiques et fiscales accumulées depuis le début du XXe siècle par les salariés.
Dans le domaine des finances publiques, ce tournant s’est concrétisé par l’adoption et l’application progressives de ce que plusieurs auteurs anglo-saxons appellent la « politique des déficits » (..) Il s’agit de favoriser ou même de provoquer une crise des finances publiques. Ruth Richardson, l’une des pionnières de la politique d’assèchement des recettes de l’État et ministre des Finances de la Nouvelle-Zélande de 1990 à 1993, l’admet sans fard : « Si vous ne connaissez pas une véritable crise, inventez-la !» déclare-telle, en novembre 1997, lors d’une conférence devant l’establishment helvétique. L’objectif de cette stratégie consiste à créer ce qu’un chercheur américain nomme « un climat d’austérité » et un autre « un levier permanent pour couper dans les budgets sociaux », bref à établir des conditions idéologiques et politiques favorables à la contre-réforme sociale et financière. Guy Sorman, un promoteur de cette ligne de conduite, le résume sobrement : « le déficit engendré par la baisse des impôts apparaît […] comme un formidable moyen de pression pour contraindre l’État à rétrécir. Il n’y a en vérité aucun autre moyen que cette pression », écrit-il en 1984.
Il vaut la peine de signaler qu’une telle orientation ne relève pas d’un choix imprévoyant ou inconsidéré, mais, comme le relève une étude canadienne, d’« une stratégie mûrement réfléchie.» »
Ainsi,
« les dépenses en matière de sécurité sociale des pays membres de l’OCDE (...) de 1960 à 1980 effectuent une marche rapide vers le haut, au rythme de 2,94 % par an, en moyenne. À partir de 1980, la marche ascendante se poursuit, certes, mais au ralenti, puisqu’elle n’est plus que de 1,37 % par année, cela en dépit du fait que la phase 1980-1998 se caractérise par l’aggravation considérable des problèmes sociaux (chômage de masse, précarisation croissante, etc.) par rapport à la période précédente. »
Sur l'imposition des entreprises,
« Entre le début des années 1980 et la fin de 2001, le taux marginal d’imposition maximale sur les entreprises a été baissé d’environ 13 % aux États-Unis, 24 % en Australie, 42 % au Royaume-Uni et 50 % en Suède. De 1992 à fin 2001, ce taux a été diminué d’environ 16 % au Canada, 19 % au Japon, 21 % au Danemark, 23 % en Italie et au Luxembourg, 30 % en Suisse et 36 % en Allemagne. » Et en France de 16%, de 50 à 34%.
Sur l'imposition des personnes,
« Le taux marginal d’imposition maximale des revenus des personnes physiques a lui aussi été considérablement amenuisé du début des années 1980 à 1996, dans des proportions variant entre 10 % environ en France et 60 % au Royaume-Uni. Quant au taux effectif d’imposition des revenus de la fortune, il a diminué de 10 %, en moyenne, entre 1981 et 1995, au sein de l’Union européenne, alors que la taxation des revenus du travail augmentait de 7 %. »
Il est facile de voir que cette évolution s'inscrit admirablement pour la France dans les principes que M. Kessler, PDG de la SCOR (5e réassureur mondial) et ex-vice-président du Medef
énonçait en octobre 2007 quand il s'écriait «
Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Nous sommes tout près de l'accomplissement de ce dessein.
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Remerciements à Emile Red pour avoir signalé ce texte au salon.