mercredi 19 décembre 2007

Création du plus important parti politique de ces trente derniers siècles

Pierre Dac et Francis Blanche ont fondé le glorieux Parti d’En Rire, et son merveilleux exemple rayonne encore de mille feux pour l’édification des jeunes générations et des toilettes publiques. Il me semblerait aussi prétentieux qu’irrévérent d’envisager d’adhérer à un aussi admirable regroupement de génies immortels mais défunts.
Aussi me permettrai-je de proposer à l’asssistance publique la création originale et artistique d’un Parti d’Henri Revitt.
Henri Revitt, rappelons-le pour nos plus jeunes amis d'internet, né coiffé en 1897 et mort de rire en 1983, fut le précurseur de la pince à linge chantournée à l’herminette. Son admirable découverte, qu’il a passé une vie à perfectionner jusqu’à l’objet magnifique que nous connaissons, a enchanté des générations de lavandières, de ménagères et de faux monnayeurs.
Afin de lui rendre l’hommage que son glorieux apport à l’humanité mérite bien, je suggèrerais donc, pour peu qu’on m’y poussât un peu, que nous fondassions, comme dit l’architecte, un parti portant son auguste nom et contribuant encore à la diffusion de sa pensée à travers le monde vaste et divers. Dans un souci constant de malhonnête autopromotion et de condescendance altière, je me confère ce jour la dignité de Grand Membre Fondateur, qui est et restera le plus haut grade dans l’institution, et c’est comme ça.
Qui aime Henri Revitt me suive.
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Avis cruciforme


Une intense réflexion
solaire est
menée
afin de définir le
programme, les
statuts et les statues
équestres du parti dans les tout prochains jours. Néanmoins,
les
inscriptions spontanées, cotisations confortables et
bénévolats divers
sont déjà et d'ores reçus sur ce blog;
veuillez laisser un
message après
le bip
sonore. Si vous
n'entendez pas le
bip, glissez votre
chèque dans la fente
et courez vite acheter
un appareil auditif.



jeudi 13 décembre 2007

Chômage, productivité et désentreprise

En quelques décennies, les économies occidentales sont passées d'un idéal de société de plein emploi (les utopies socialistes et libérales) à une fatalité inéluctable d'une société où le chômage est une constante supportable comme l'inflation ou la pluie du ciel : les entreprises, même bénéficiaires, en partie en raison de la mondialisation, embauchent le moins possible et tentent sans cesse de réduire leur emploi.

Productivité et emploi

Les gains de productivité ne se font plus essentiellement par le progrès technologique permettant de produire plus au même coût, mais par une organisation de la production tournée vers l'économie de main-d'œuvre. Dans les secteurs des services où le traitement des fichiers clients et comptables est lourd (banque, assurance, administrations), l'informatique a permis de réduire les effectifs à production égale, sans que de nouveaux métiers soient créés; le solde en emplois est largement négatif. Dans une moindre mesure, la gestion automatisée des stocks et de la comptabilité a grandement amélioré les marges des commerces de grandes surfaces, en réduisant le personnel administratif.

Dans les secteurs de production physique (industrie), la concurrence internationale, souvent déloyale dans les pays émergents (salaires de misère, protection sociale inexistante, droits de l'homme bafoués), a conduit à délocaliser des pans entiers de l'économie, au seul profit des actionnaires et des consommateurs. Le paradoxe de cette situation est que les consommateurs ont un pouvoir d'achat croissant par la baisse des prix ainsi induite, mais que, leurs revenus étant moins élevés en raison du chômage accru, leur demande finale stagne ou baisse: il ne faut pas chercher plus loin les explications au marasme de nos économies. Les actionnaires en revanche n'ont qu'à se louer de ces opérations.

Management et désentreprise

A la suite de la recherche effrénée des profits à court terme, qui ne peuvent croître facilement que par des compressions de coûts, une culture s'est répandue chez les dirigeants et actionnaires: la recherche de l'effectif minimum, toujours revu à la baisse. Les premiers trouvent dans les plans de réductions d'emplois ou de réorganisation, voire de cessations d'activités, des justifications à leur rémunération parfois pharaonique, et les seconds ne peuvent que se féliciter de la hausse du bénéfice et du dividende par action. Notons au passage que la distribution de bénéfices s'est considérablement accrue ces dernières décennies, ce qui est bien le signe d'une politique à courte vue des entreprises: ces super-dividendes diminuent bien sûr d'autant les mises en réserve des bénéfices et, à terme, les investissements. Ceux-ci, en constante régression relative, font parfois place à des rachats de leurs actions par les sociétés, ce qui, en détruisant une partie de la richesse, est la négation même de l'esprit d'entreprise, sous l'indifférence générale.

Arrêtons-nous un instant sur cette incroyable destruction économique que représente une réduction de capital par rachat d'actions: des dirigeants, véritables tueurs de capital, font procéder, alors même que l'entreprise est prospère, à des achats – longtemps interdits – d'actions en vue de leur annulation. Cette opération, qui n'a pour but que de renchérir le cours des actions devenues moins nombreuses pour les mêmes benéfices et dividendes présents et à venir, est l'antithèse totale de l'esprit d'entreprise. Elle consiste en effet à la priver non seulement de capitaux propres, mais aussi de la capacité associée à emprunter pour financer sa croissance: dans bien des cas, racheter un million d'euros d'actions privera la société d'un ou deux millions d'emprunts possibles et donc de deux ou trois millions d'investissements.

Le credo est ainsi devenu non plus l'esprit d'entreprise, mais de désentreprise; non la croissance, mais la baisse des coûts. Non se développer, mais améliorer les bénéfices sans produire plus. De même, fermer ou vendre des unités de production moins rentables que les autres dispense de rechercher nouveaux marchés et croissance de l'activité, au détriment de la substance même de l'entreprise. Il s'agit là du reniement de l'entreprise par les décideurs eux-mêmes, avec l'approbation des actionnaires dont le raisonnement à courte vue joue contre les intérêts à long terme de la société.

Le chômage, peste commune

Ces politiques de stock minimum en matière de ressources humaines ont pour conséquence le développement accéléré de l'intérim, des contrats précaires et des embauches à court terme, détruisant un peu plus le tissu humain de l'emploi. Les CDI deviennent l'exception pour de nombreuses entreprises, en ne faisant que concrétiser à contrecœur des suites de contrats précaires. Il convient de noter que les pouvoirs publics, dans de nombreux cas, loin de lutter contre la précarité des emplois, la justifient, voire l'encouragent au prétexte de flexibilité, cheval de bataille des dirigeants d'entreprise aux effets humains catastrophiques. Il est vrai que l'humain n'entre pas dans leurs considérations.

Le travail devient non un luxe, mais une chance, une "opportunité" qui n'est pas ordinairement offerte à tous; chez les jeunes, les petits boulots, précaires, à temps partiel et mal payés sont souvent la règle pour les moins qualifiés et les plus récemment arrivés sur le "marché du travail" - quelle expression, maintenant habituelle. Même les diplômés, parfois très bien et longuement formés, doivent souvent subir cette phase d'antichambre de la vie professionnelle, passage obligé vers des emplois plus stables et moins mal payés.

Plus personne ne s'étonne que le chômage frappe un Français sur douze ou sur dix selon les calculs, que les plus jeunes ne trouvent pas de travail sérieux, que dans certaines banlieues-ghettos un jeune sur deux n'ait pas d'emploi.

L'ultralibéralisme, poison instillé goutte à goutte dans la gestion privée et publique de l'économie, affirme haut et fort que la recherche du profit et la déréglementation sont des conditions nécessaires et suffisantes au bonheur matériel de tous. Ces deux principes sont bien à l'origine de cette endémisation du chômage; une adroite communication a permis de le rendre psychologiquement et politiquement supportable, ce qui permet de ne plus avoir à chercher véritablement à améliorer la situation de l'emploi: qui irait à notre époque jusqu'à reprocher aux dirigeants d'entreprise de ne pas employer suffisamment de salariés, ou aux gouvernements de ne pas tout faire pour que chaque citoyen ait un emploi – simplement un emploi ?

L'ultralibéralisme est au libéralisme ce que la ploutocratie est à la démocratie. Mais l'ultrachômage n'est pas une antithèse du chômage: il en est la forme durable, entretenue et fatalisée.




mardi 11 décembre 2007

Les états d'âme de M. Sarkozy

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Réception de Kadhafi à Paris: la honte de la France

Soixante-neuf ans après la capitulation diplomatique des puissances démocratiques devant les nazis, M. Sarkozy n’a toujours rien compris.
Le poing levé de Kadhafi devant lui montre de façon manifeste que cette réception est une victoire pour lui et que la France, épicier complaisant vendant sa camelote à l’ex-proscrit, fait figure de vaincu. Le président français a accepté sans broncher ce signe qui possédait à peu près le même sens qu’un bras d’honneur au monde et à notre pays.
Le dirigeant libyen a acheté un peu de respectabilité pour dix milliards d’euros de commandes, prix de la complaisance de la France ; ce n’est pas cher payé, puisque la Libye aurait acheté ces biens tôt ou tard.
Mais, à l'évidence, pour M. Sarkozy, dix milliards de contrats compensent aisément quelques centaines de morts dans des attentats. Ce n'est pas du blanchiment d'argent sale, c'est du lavage d'argent sanglant.
Si le Zimbabwe avait autant de pétrole que la Libye, les entreprises françaises lui vendraient avions et centrales et Mugabe, levant le poing gauche au ciel, serrerait la main d’un respectueux Sarkozy sur le perron de l’Elysée.
N’entendez-vous pas des Lamartine, des Victor Hugo et des Charles de Gaulle se retournant dans leur tombe ?
Ce n’est pas Kadhafi à Paris, mais Sarkozy à Munich.

Il faut vite en rire, de peur d'avoir à en pleurer

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vendredi 7 décembre 2007

LES PHARES

Sachons-le une fois pour toutes: les chevaliers des temps modernes, les créateurs, les phares de la pensée d'un pays, les exemples à suivre par notre belle jeunesse, ce ne sont plus les artistes brillants, les écrivains lumineux, les poètes vibrants ou les chercheurs géniaux: ce sont les dirigeants d'entreprise, riches et jet-setteurs de préférence.
Une grande partie des Français ont connu une époque, bien révolue, où les ingénieurs, les médecins, les physiciens, les philosophes, les écrivains, les humanistes même, étaient admirés, constituaient les élites du pays et donnaient envie aux plus jeunes de suivre leur voie, celle de cet accomplissement personnel dans la connaissance profitable à tous. Ils étaient riches de savoir et de sagesse; les élus de la nation les recevaient, les honoraient et les montraient en exemple.
Au soir de son élection à la magistrature suprême et dans les jours qui ont suivi, M. Sarkozy a choisi de côtoyer ostensiblement les hommes les plus riches et les plus puissants, en les invitant ou en étant leur invité ; il a clairement désigné son camp et lui a montré combien il lui était attaché.
Les soi-disant représentants des prétendues élites intellectuelles, avides tout à coup d’autorité et de rupture libérale, ont pour la plupart, surtout les ex-maos, rejoint le giron du Chef, qui promettait monts, merveilles, missions officielles et hochets honorifiques, à condition qu’ils se tussent ou l’approuvassent discrètement. La place médiatique est libre pour ces Messieurs les plus nantis, qu’ils exploitent dans le BTP, le luxe bien français, le commerce intercontinental ou la distribution. Ils sont d’autant plus précieux au pouvoir qu’ils ont tous pris soin d’investir massivement dans les médias, afin de les contrôler financièrement et politiquement : il y a ainsi réciprocité de services.
Cette situation n’est pas sans rappeler celle de la fin du XIXe siècle, où le Comité des Forges faisait la pluie économique et le beau temps politique en France. Elle s’en rapprochera de plus en plus, puisque les mesures prochaines de destruction du Code du Travail, de la protection santé et de la protection sociale aboutiront à ce que toutes ces belles âmes attendent depuis cette époque : le retour à une société vraiment libérale, où chacun se bat sans solidarité ni union face aux coups de la vie ou aux pouvoirs économiques. Dans le système économique libéral, c’est la certitude pour les plus nantis de renforcer les inégalités à leur profit.