samedi 21 novembre 2009

La manipulation du 11 septembre, cinquante ans après


Dijon, le 11 septembre 2051.

Le 11 septembre 2001, les faits bruts – une poignée de terroristes causant 3000 morts et des dégâts énormes – ont stupéfié les Américains et le monde entier. Tout à coup, la plus grande puissance du monde, le grand Etat le plus riche, le plus technologiquement avancé, est apparu comme déshonoré et prodigieusement vulnérable. Son crédit chez sa population et à l’étranger a été soudainement diminué de manière terrible : quoi ? les Etats-Unis d’Amérique étaient à la merci de quelques fous de Dieu décidés ? La CIA, le FBI, l’US Army étaient si inefficaces qu’ils ne pouvaient même pas protéger John Smith de cette guerre au rabais ?

Il est vite apparu aux autorités US que les répercussions psychologiques, à l’intérieur comme au-dehors du pays, étaient trop catastrophiques pour ne pas être combattues. L’Américain moyen, celui qui apprécie les drapeaux dans sa ville et bénit le Président élu, quel qu’il soit, était en état de choc et sa perception de la toute-puissance de son pays, qui fonde le sentiment national et donc toute l’organisation socio-économique, risquait d’être durablement atteinte, comme sa confiance dans le pouvoir politique, déjà peu enthousiaste. A l’étranger, les effets étaient ravageurs : énorme dévalorisation de la puissance du pays, doutes sur le bien-fondé de l’hégémonie US et sur l’efficacité de son armée, tout jouait dans le sens des propagandes anti-américaines, notamment dans des secteurs hautement stratégiques comme les pays arabes et musulmans.

Pour un grand pays, il n’était pas tenable que cette situation persiste et s’aggrave. En conséquence, il suscita des campagnes de négation de la simplicité des attentats, qui visèrent à faire soupçonner adroitement que les événements n’avaient pu se produire qu’avec des influences cachées, des complots secrets, des interventions si bien dissimulées qu’elles ne pouvaient qu’être d’une redoutable efficacité, à la mesure du prodigieux silence qui avait pu être gardé sur ces agissements occultes.

Dans les médias, de préférence un peu underground tout d’abord, se développèrent ainsi des argumentations péremptoires qui montraient, disaient-elles, de façon certaine que tout cela n’était qu’un vaste trucage et que les apparences étaient invraisemblables. Les hypothèses les plus gratuites et farfelues – hologrammes simulant des avions, avions télécommandés, missiles US, explosifs dans les tours, extraterrestres – côtoyaient de plus adroites études techniques d’apparence sérieuse ; tous ces débats, souvent sensationnels et polémiques à souhait, induisirent et entretinrent un scepticisme croissant parmi une part importante de la population américaine et mondiale.

Bien sûr, tous les paranoïaques, les illuminés, les aigris et les complotistes de toutes tendances se ruèrent sur ces rumeurs et les amplifièrent à leur tour, et ce qui n’était à l’origine que contestation devint vite politiquement correct : dans certains milieux, il était hors de question d’admettre les faits bruts, qualifiés de « version officielle » honnie, beauf et pour tout dire réservée aux naïfs, voire aux complices.

Au bout de quelques années, la religion de beaucoup de citoyens, US et autres, était faite : les « événements du 9/11 » (le terme même d’attentats étant évité) ne pouvaient s’expliquer que par un complot, des manœuvres secrètes et ignobles du gouvernement US de l’époque lui-même, de l’armée, de la CIA, des services secrets israéliens ou bien encore de quelque organisation mondiale fascistocapitaliste.

Le but était atteint : dans l’opinion publique, des attentats aussi simplistes, des terroristes aussi minables n’avaient pu vaincre le bon Oncle Sam, sa puissance et sa richesse bonhomme et profitable à tous. Non, la plus grande armée du monde n’avait pas été vaincue par quelques fanatiques armés de cutters, non, le Pentagone, symbole même de la force américaine, n’avait pas été mis à mal par un attentat, mais sans doute par un missile, une arme secrète terrible et rassurante.

L’honneur et les intérêts des USA étaient saufs. Le pays était redevenu invulnérable sur son territoire, fort et juste dans ses actions militaires, et inattaquable par les armes et par les idées.

Cette propagande particulièrement efficace est depuis plusieurs décennies enseignée comme exemple démonstratif de réussite particulière de techniques psychologiques de manipulation des opinions publiques.